AMIENS SC – À la bonne école
Des joueurs de niveau international formés à l’Amiens SC, il y en a eu peu. L’un est tout de même champion du monde, Steven Nzonzi, l’autre s’éclate en Série A et lorgne un titre de champion d’Italie : Tanguy Ndombele. Il faudrait même parler de « post-formation » les concernant. La certitude, c’est qu’ils ont tous les deux débuté en professionnels à l’Amiens SC et s’y sont révélés. Avant de découvrir de nouveaux horizons.
Une génération dorée ?
Ils sont cependant plus nombreux à évoluer au niveau professionnel et passés, récemment, par le centre de formation amiénois. C’est le cas notamment de Valentin Gendrey, actuellement à Lecce, en Serie A. Sanasi Sy est passé par la Salernitana avant de retrouver l’Hexagone, au Nîmes Olympique (L2). L’ailier Florian Bianchini est parti s’aguerrir à Châteauroux, en N1, après un premier prêt du côté d’Avranches dans la même division. Le milieu Gaoussou Traoré, né à Amiens, a été envoyé dans la même division et réalise une belle saison à Concarneau actuellement. Même trajectoire pour Iron Gomis, prêté à Dunkerque.
La formation est au coeur du projet. Preuve en est, les joueurs apparus avec les professionnels de l’Amiens SC en Ligue 2 cette saison et formés ou post-formés au club. Par ordre de temps de jeu : Le défenseur Matthéo Xantippe, Owen Gene, Kassoum Ouattara, Youssouf Assogba, Mathis Lachuer, George Ilenikhena, Charbel Gomez, Ibrahim Fofana et Matéo Degrumelle. Neuf joueurs au total, en plus des trois prêtés à l’échelon inférieur. Suffisant pour que l’avenir soit radieux ?
Premiers dans leur poule de U17 Nationaux devant les ambassadeurs du PSG et du Havre, les jeunes amiénois sont la sensation de la saison, à tous niveaux. En U19, le club picard a longtemps occupé le podium, avant de le quitter très récemment, installé au pied, à la 4e place. C’est un peu plus compliqué pour le groupe de National 3, au milieu de tableau.
Incontestablement, la plus grosse valeur marchande, à l’heure actuelle, est également le plus jeune amiénois utilisé cette saison. Le franco-nigérian, George Ilenikhena, né à Lagos en 2006, affole les compteurs et est déjà dans le viseur des plus grandes écuries. De plus, il a inscrit son nom au panthéon des buteurs de Ligue 2, et même en Europe cette saison, étant le plus jeune à trouver le chemin des filets sur le continent. Malheureusement pour lui et le club de la Licorne, il souffre depuis début février d’une entorse au genou et va devoir patienter avant de retrouver les terrains professionnels.
George Ilenikhena, lors du Scouting Camp des joueurs nés en 2006, organisé par Adidas en Allemagne, à Herzogenaurach. (CP : Adidas)
Les secrets de fabrication
Cet été, Amiens a recruté un ancien joueur professionnel de l’Olympique de Marseille pour renforcer le staff du centre de formation. Modou Sogou est devenu responsable de l’animation offensive. L’ensemble a été repensé et restructuré. Ainsi, un nouvel entraîneur U19 a été nommé (David Le Moal). Idem en U17, avec la nomination de Julien Ielsch, ancien joueur du club et connaît donc la maison. L’ancien gardien professionnel Vincent Planté a pris en charge les gardiens à partir du National 3. Un remaniement indispensable pour donner un nouvel élan au projet. Et cela semble porter ses fruits. L’autre responsable de cette réussite n’est pas des moindres. Il se nomme Loïc Lavillette et a ouvert les portes du centre de formation au Courrier Picard. Responsable du recrutement du centre de formation, il travaille en étroite collaboration avec John Williams. Il est évidemment sous la tutelle de Patrice Descamps, directeur du centre. Au total, ce sont pas moins de cinq joueurs qui ont paraphé leur premier contrat professionnel cette saison.
Les coulisses de cette réussite se trouvent dans la méthode de recrutement des jeunes joueurs. Et la politique définie par le club est en léger décalage avec les standards. En dehors de la Somme, département résidant de l’ASC, le club refuse de faire signer des jeunes de moins de 15 ans.
« La plupart des clubs pros font signer les ANS à des joueurs de 13, 14 ans mais au niveau des données chiffrées, le taux de réussite de ces ANS est en dessous des 5 %. On démarre nos observations à partir de la catégorie U15. On arrive un peu plus tard sur le marché. À 15 ans, c’est difficile de dire qu’un joueur va pouvoir être professionnel mais à 14 voire 13 ans, c’est pire. » Loïc Lavillette au Courrier Picard.
À partir de ce postulat, l’équipe de recrutement va voir un maximum de matchs et de jeunes. Dès qu’un profil intéresse, un premier rapport est effectué. Ensuite, ce sont des rapports croisés avec d’autres recruteurs sur ce même profil. Puis, en cas de signaux positifs, le joueur est envoyé à l’essai au club. Pendant cette courte période, le staff technique procède à des évaluations, notamment avec le médecin du club. Tests scolaires et athlétiques sont également effectués. Toute cette procédure permet au club d’avoir « la meilleure photographie possible » du jeune et diminue, de facto, la marge d’erreur.
Centre de formation de l’Amiens SC (CP : Site officiel ASC)
Les agents à l’affût
Comme dans la majorité des clubs professionnels, l’ASC dispose de scouts dans différentes régions. Priorité faite, fort logiquement, à l’Île de France, à l’origine de plus de 60% des joueurs professionnels en France. Aujourd’hui, le métier est plus facile qu’il y a 20 ans, selon le responsable du recrutement au centre de formation. La raison de tout cela est l’émergence des agents, conscients de la philosophie du club et des opportunités possibles pour les jeunes joueurs dont ils gèrent les intérêts. Un club qui fait confiance et favorise le développement, pour qui le talent n’a pas d’âge, est très apprécié dans le milieu. Et les agents n’hésitent pas à proposer leurs jeunes joueurs. Loïc Lavillette accorde aussi beaucoup de place au relationnel et à la manière de faire. En effet, le dialogue n’est pas engagé directement avec la famille et passe, en premier lieu, par le club et les éducateurs. À la pêche aux infos.
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