RC STRASBOURG – Vieira aux manettes

RC STRASBOURG – Vieira aux manettes

Patoche Vieiroche

Ce dimanche 2 juillet, le RC Strasbourg a officialisé le nom de son nouvel entraîneur, Patrick Vieira. Le Champion du monde 1998 succède à Frédéric Antonetti et rejoint le nouveau projet alsacien, passé sous giron américain. Choisi par Marc Keller, il s’engage jusqu’en 2026. Quels sont les principes de jeu qu’il applique ? Voici quelques éléments de réponses.

Un CV compatible ?

Sur le papier, Patrick Vieira semble être le profil idoine pour ce genre de projets de multi propriétés. Arrivé sur la Côte d’Azur sous l’ère Jean-Pierre Rivère en juin 2018, il y pose ses valises pour 30 mois. Entre temps, le Gym a été racheté par Jim Ratcliffe, qui lance le projet INEOS. Un modèle, déjà, de multi propriétés, le groupe étant également détenteur du FC Lausanne Sport, en Suisse. Avant cette expérience française, la seule à ce jour, Patrick Vieira s’est formé au sein du City Football Group. Sa carrière de joueur s’arrête là où commence sa vie d’après, à Manchester City. D’abord dans un rôle de coordinateur pour les jeunes, puis à la tête de l’équipe de jeunes de Citizens. Sa première expérience en tant qu’entraîneur principal d’une équipe professionnelle se déroulera outre-Atlantique, à New York. Pendant deux ans, il dirige le club local sous l’égide du CFG : New York City. Après Nice, l’expérience qui suit son aventure américaine, il retourne dans l’Angleterre qu’il chérit, dans une ville qui lui est encore plus chère : Londres. Il s’engage à Crystal Palace, propriété d’un certain John Textor, qui cherche lui aussi à créer une galaxie de clubs de football.

Image

(photo RCSA)

Polyglotte et formateur

Patrick Vieira était l’un des meilleurs joueurs du monde dans son secteur de jeu, au milieu de terrain. Inspiré par Arsène Wenger, qu’il qualifie comme « référence », qu’il a connu pendant de longues années à Arsenal. Au moment de s’engager à Crystal Palace, il a avoué avoir pris contact avec son ancien manager pour prendre des conseils, puis les appliquer, en reprenant « tous les outils » qu’il a utilisés avec lui. Son parcours lui a également permis de manier trois langues à la perfection. Le français, sa langue maternelle, l’anglais, et l’italien, qu’il maitrise sur le bout des doigts. Son aisance à l’oral a été appréciée partout où il est passé. Cet atout a également favorisé le dialogue et la relation avec le folklorique Mario Balotelli. Au relationnel paternel avec ses joueurs, il accompagne les jeunes talents et sait les développer. Ce point là était même essentiel au moment de sa prise de fonction à Londres, chez les Eagles. C’est aussi le point d’orgue de Marc Keller, aux micros de RMC Sport.

https://images.bfmtv.com/mjt5fOQeAnJvQKjvgd34Wwp64hc=/0x0:1280x720/images/Chelsea-Gallagher-Broja-Gilmour-Ces-joueurs-pretes-qui-pourraient-profiter-des-sanctions-pour-faire-leur-retour-1368587.jpg

Il a considérablement participé au développement de Conor Gallagher lors de son prêt, et a permis de mettre en valeur un des talents de l’académie des Blues. Point essentiel, cette fois ci, dans le projet Chelsea – Strasbourg. Là bas, il développe également Marc Guéhi, Tyirck Mitchell, Michael Olise, Eberechi Eze. Il a utilisé avec parcimonie d’autres jeunes : Malcolm Ebiowei, Naouirou Ahamada, par exemple. Une appétence pour la mise en avant des jeunes talents qu’il avait déjà démontré à Nice. Hicham Boudaoui, Andy Pelmard, Dan Ndoye, Khephren Thuram ont tous été régulièrement utilisés par le coach. C’est le cas aussi d’Evann Guessand, Lamine Diaby ou Alexis Trouillet.

Sa philosophie de jeu

Des mots reviennent régulièrement : Discipline, Collectif, Solidarité. De quoi donner une idée de l’état d’esprit à adopter. À Nice, à travers un numéro d’Intérieur Sport de Canal, on le voit proche des joueurs. Mais aussi ferme et juste, et n’hésite pas à sanctionner ou sévir. Patrick Vieira se décrit comme « ambitieux ». Pour lui, « la discipline est quelque chose de très important » et un élément indispensable pour gagner un match. « On a besoin du talent individuel, mais surtout de la discipline collective dans les deux phases de jeu », lorsque l’équipe a le ballon, et lorsqu’elle ne l’a pas. Cette discipline, il la travaille au quotidien en instaurant un « cadre de vie ». Il cherche sans cesse à mettre les joueurs dans les meilleures conditions possibles, via « des idées claires, un message cohérent ».

« Je me mets toujours à la place de l’extérieur en me disant quel genre de match j’aimerais jouer et ce que j’ai envie de voir de l’équipe. J’ai des principes qui font que j’aime bien avoir la possession, ressortir le ballon proprement de derrière, gagner des ballons dans le camp adverse. Ce sont mes principes de jeu. Mais ce que je fais c’est de prendre en considération l’effectif que j’ai pour pouvoir jouer le football que je veux »

Dans le documentaire de Canal+, Jean-Pierre Rivère, président de Nice à ce moment, décrit « un coach qui prône le beau jeu » qui « apporte de la niaque ». Adepte du 4-3-3 de possession et actif sur les ailes, qui a parfois utilisé un 4-2-3-1 ou plus anciennement des défenses à 5, il est particulièrement friand des gros matchs. A l’image de ce succès contre Manchester City (2-0), ou cette victoire face à Lyon (1-0). Il conseille beaucoup, est à l’écoute du joueur. Aime s’entretenir en individuel avec eux pour leur expliquer les choses. Un mode de fonctionnement qui a plu à Malang Sarr notamment, qui a apprécié « son naturel et sa transparence » dans le management.

Petite note d’attention toutefois sur ses deuxièmes saisons, généralement moins convaincantes que les premières. Un mal qu’il va devoir corriger dans ses prochaines expériences s’il souhaite vraiment s’inscrire dans des projets, et en être un bâtisseur. L’Equipe avait évoqué les raisons de son licenciement à Crystal Palace.

Son retour en Ligue 1

Face à son ami Olivier Dacourt, Patrick Vieira s’est exprimé au sujet d’un possible retour en France, il y a quelques mois : « Pourquoi pas, il y a des projets intéressants. J’adore ce métier d’entraîneur. Je pense avoir pris pas mal d’expérience ces dernières années. Je n’ai pas de préférence. Ce que je recherche vraiment, c’est un challenge où je peux avoir une certaine liberté pour pouvoir m’exprimer en tant qu’entraîneur ». Voilà une idée de garanties qu’il pourrait avoir eu au moment de parapher son contrat avec le RC Strasbourg. Déjà courtisé par Nantes, qui a préféré maintenir Pierre Aristouy, c’est finalement en Alsace qu’il pose ses valises. « C’est un homme de projet […] une personne humble, proche de l’humain » dixit Jean-Pierre Rivère. Un aspect qui plait à Marc Keller.

Share this content: